Théâtre musical
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Lorsque Sandrine Anglade m'a demandé de travailler sur le texte de Pierre Michon, j'ai immédiatement pensé à un "opéra parlé".
Nous avons longuement mûri ce projet depuis son esquisse durant une chaude semaine de travail dans le Paris déserté du mois d'Août 2003.
Mon amour de la littérature - et particulièrement du théâtre - m'a amenée tout au long de ma carrière à composer opéras, mélodrames, monodrames, contes musicaux, toutes œuvres de théâtre musical dans lesquelles la voix tient une place prépondérante - voix chantée et voix parlée - mais où la partie instrumentale devient également un personnage agissant.
Pour Le Roi du bois j'ai rêvé un quatuor à cordes dont les instrumentistes participeraient à l'action scénique : ils seraient les peintres que l'on rencontre au 17ème siècle sur les pentes de Tivoli, "la Congrégation des virtuoses, les Académiciens de Saint-Luc, (...) la bande à Barberini".
Pourquoi un quatuor à cordes?
Parce que, pour moi, le quatuor à cordes représente un esprit classique lui permettant d'offrir une image sonore aux toiles italiennes de Claude Le Lorrain.
En outre, les musiciens du quatuor peuvent se déplacer sur la scène du théâtre et donner ainsi une présence mouvante au son.
Il y a également la voix chantée du petit pâtre qui découvre la somptuosité d'un monde dont il ne soupçonnait pas l'existence et, évidemment, la voix de l'acteur qui porte le beau texte de Pierre Michon.
La musique ne se contente donc pas seulement d'illustrer ou d'accompagner le texte du Roi du bois : j'ai conçu la partition musicale comme un véritable protagoniste de l'action scénique, personnage sonore qui dialogue, entre en conflit, compatit avec Domenico Desiderii, homme brisé d'amertume, profondément déçu par la vie qu'il s'est choisie, alors que la porte magique de la création artistique lui avait été ouverte par Claude Le Lorrain...
L'histoire musicale se raconte en contrepoint du texte, intimement tissée avec ce texte, sans néanmoins en être réduite à l'état de simple paraphrase sonore.