Fragments d'un discours
Hommage à Clara Schumann
:
La plupart du temps, quand j'imagine l'œuvre à venir, une image sonore s'impose à moi pour son début.
Ici j'avais envie d'entendre un brouillard -gouttes de notes en suspension- une dentelle, dans le registre extrême aigu du piano et du violon.
Cette idée m'amenait ensuite à descendre dans des tessitures plus "raisonnables".
L'arabesque du début - qui, presque inaudible, part du do le plus aigu du piano - est reprise ensuite en escalier descendant commençant successivement par un fa, puis la bémol, mi,
si bémol, sol et ré bémol.
Ce sont les sauts descendants de ces registres qui m'ont fourni les notes de l'accord de base de l'harmonie qui va régir toutes les couleurs de l'œuvre.
Le premier épisode - premier "fragment du discours" est constitué par cet itinéraire vers le registre grave, jusqu'à l'entrée en lice du violoncelle.
Les épisodes contrastés qui suivront seront ponctués à trois reprises par un refrain énergique.
Je voulais rendre compte du caractère "bien trempé" de Clara Schumann, et je me suis retrouvée écrivant dans un style romantique: des épisodes courts et contrastés, sans transitions, un phrasé lyrique et une écriture harmonique très dense.
Il s'agit d'un trio, mais j'y ai privilégié le dialogue.
Le titre que j'ai donné à ce trio est un clin d'œil à l'ouvrage de Roland Barthes, qui aimait la musique de Robert Schumann.
Connaissait-il celle de Clara ?