Année : 1993 Durée : 1h10

Texte : Pascal Quignard

Genre : Théâtre musical, conte musical, monodrame, mélodrame

Effectif : L'orchestre :
quintette à vents, clavecin, percussion, cordes (7 violons, 2 altos, 2violoncelles, contrebasse)


Détails : Commande de l'Ensemble Instrumental de Basse Normandie
Création le 18 Avril 1993 à Hérouville Saint-Clair, par Evelyne Guimmara (comédienne)
et l'Ensemble de Basse-Normandie dirigé par Dominique Debart.
Enregistrement Radio-France, diffusion France-Culture le 24/10/1993


Édition : Alphonse Leduc

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Le Nom sur le bout de la langue
conte musical pour un(e) comédien(ne) et orchestre de chambre

Notice :

La musique du Nom sur le bout de la langue doit tout au texte de Pascal Quignard.

On sait, si on a lu auparavant le livre de Pascal, comment est né ce projet de conte musical, aussi bien destiné aux adultes qu'aux enfants.
Après plusieurs lectures de ce conte, se sont imposés à mon imagination des motifs propres à évoquer musicalement les situations décrites dans l'histoire de Jeûne et de Colbrune.
Par exemple, dès le début de l'œuvre, les tremolos des bois nous installent dans la brume qui baigne les rives de la Dives.
Le cercle à broder - qui pour moi représentera la tristesse et le désespoir de Colbrune - m'a suggéré une matière sonore sèche et pointilliste exprimée par le clavecin, les cordes en pizzicato et les bongœs.

Plusieurs motifs - alternativement brillants ou sombres - évoquent, les uns la magnificence d'Heidebic de Hel, les autres la menace et la terreur émanant de cet inquiétant personnage.
Mais c'est une double mélodie qui triomphera, exprimant l'amour des deux jeunes gens, revêtue, à sa première apparition, des timbres du hautbois puis des violons.

L'œuvre doit son unité à la parenté que ces différents motifs entretiennent entre eux - étant tous issus d'une mélodie unique - ainsi qu'à la permanence d'une série d'accords - véritable "réservoir" harmonique générateur de toute la polyphonie.

Quant au scénario musical, il reste fidèle à la progression du conte tout en gardant son autonomie formelle. Une histoire sonore se raconte donc en contrepoint, parallèle au texte, sans néanmoins en être réduite à l'état de simple paraphrase illustrative.

Résumé du conte :

Dans le duché de Normandie, avant l'an mil, sur les bords de la Dives, dans un vieux bourg, Jeûne est tailleur. Colbrune l'aime à la folie, au point qu'elle frappe à sa fenêtre et lui demande de devenir son épouse. Jeûne pose une condition à ce mariage: qu'elle brode une ceinture aussi belle que celle dont il lui donne le modèle.

Colbrune a beau faire, elle n'y parvient pas. Le désespoir la gagne. Un soir, un seigneur étrange se présente à sa porte à qui elle confie la difficulté où elle se trouve. Le seigneur accepte de lui procurer l'exacte reproduction de la ceinture brodée, pour peu que pendant un an elle n'oublie pas son nom, faute de quoi elle sera à lui.

Comment s'appelle le mystérieux seigneur ? Heidebic de Hel.

Colbrune n'hésite pas. Retenir un nom lui paraît facile. Elle prend la ceinture, l'apporte à Jeûne.
Jeûne et Colbrune se marient aussitôt et connaissent un bonheur sans tache.

A la fin du neuvième mois Colbrune se souvient tout à coup de sa promesse mais ne parvient pas à retrouver le nom du seigneur mystérieux. Elle en perd le sommeil. La tristesse envahit la chambre à coucher puis toute la demeure.

Jeûne demande à sa femme la raison d'un tel changement. Colbrune avoue à la fois le subterfuge et la parole qu'elle a donnée au seigneur. Jeûne la rassure et part à sa recherche.

A trois reprises (dans la forêt de Dives en passant par le terrier du lapin, dans l'océan avec le secours de la sole, dans la montagne grâce à une faille que lui a indiqué la buse) il retrouve le château du seigneur mystérieux. Il demande son nom à ses serviteurs, se met bien ce nom en tête, s'applique à le réciter tout en courant sur le chemin du retour, mais chaque fois qu'il rejoint sa demeure, au dernier moment, alors qu'il a le nom sur le bout de la langue, quand il s'agit de le dire à sa femme, le nom lui fait défaut...